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Detail of contribution

Auteur: Rosa Attié FIGUEIRA

Titre:
Des contributions de Saussure à l'acquisition du langage: les actions réversibles


Abstract/Résumé: Ce travail a pour but de vérifier l’adéquation des idées de Saussure (1916/1969, 2002), à l’analyse de l’acquisition des verbes qui expriment des actions aboutissant au retour de l’objet à son état antérieur; selon Clark (1993), ‘undoing actions’. L’intérêt par ce fait linguistique met en question l’effet du langage sur des opérations d’ordre cognitif sur l’univers considéré comme extérieur. En fait, parmi les changements sur les entités du monde, il y en a qui sont réversibles et d’autres qui sont irréversibles, les premières partagées entre des items ayant une marque morphologique (port. fazer/desfazer) et des formes supplétives (apagar/acender). Comme souligne Ducrot (1972:30), «on trouve jamais chez Saussure l’idée que la langue doit représenter une structure de la pensée qui existerait indépendamment de toute mise en forme linguistique». Le rôle de la langue est «servir d’intermédiaire entre la pensée et le son, dans des conditions telles que leur union aboutit nécessairement à des délimitations réciproques d’unités» (Cours:156). En ce qui concerne le fonctionnement linguistique chez l’enfant, De Lemos (1982) nous a appris que les premières formes ‘cendeu’ et ‘paga’ (M, 1;7-1;8 ans) font partie de routines fixes, restreintes à des contextes pas encore liés. Les nouvelles formations avec le préfixe des- enregistrées entre 3 à 5 ans chez deux enfants brésiliens, nous offriront le cadre de la mise en système suivante. Leurs innovations (incorrectement nommées comme «fautes» par l’observateur naïf) représentent un domaine privilégié d’analyse, car comme nous apprend Saussure, c’est là [les néologismes] où «l’activité de la langue et sa manière de procéder trouvent à se manifester dans un document irrécusable» (Écrits:184). En tant que documents irrécusables de la mise en système, des telles productions, réclament la contribution saussurienne. D’une part, il y a des exemples faisant apparaître le phénomène d’analogie, apte à être représenté par le calcul de la quatrième proportionnelle, domaine d’un mouvement prévisible (comparable mais pas complètement identique aux improvisations de l’adulte). D’autre part, il y a des productions divergentes qui parlent en faveur du caractère imprévisible des rapports entre objets linguistiques, présents (axe syntagmatique) ou évoqués (axe associatif), dans le fonctionnement de la langue dans des instances discursives singulières. Ce cadre hétérogène semble, ainsi, adéquat pour discuter la relation langage-pensée, chez l'enfant. L’explication met au premier plan les notions d’arbitraire (absolu/relatif), de système et valeur, vers une description (éventuellement formalisable) des virtualités de la langue, «flottant dans la série indéfinie des rapports possibles» (Normand 2001:173).