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Détail de la contribution

Auteur: Jacques-Philippe SAINT GÉRAND

Titre:
La Grammaire Des Fautes d’Henri Frei (1929) et le traitement de la connectivité.


Abstract/Résumé: En s'affranchissant sur quelques points du dogme figé dans l'apocryphe CLG de Saussure, notamment le psychologisme relayé par Bally, Frei ne cesse de plaider en faveur des métamorphoses de la sémiose linguistique et du caractère protéiforme des signes que l'on pourrait croire ou penser les plus rigides. Il réhabilite ainsi la notion décriée de faute en faisant de celle-ci l'indice d'un besoin que comblent les possibilités ouvertes par le français avancé. Pour parodier Pascal, on pourrait dire que les langues ont, en actes de parole, leur logique que la Logique ignore. Il en résulte un décalage constant entre la loi, résultant de l'observation naturelle des faits et la règle qui n'est que conventionnelle et imposée par les grammairiens. Et c'est dans ce décalage perpétuel que s'opposent les deux sens de l'incorrect : d'une part, un incorrect qui transgresse la norme collective (la faute), et d'autre part un incorrect qui n'est pas adéquat à une fonction donnée (l'indice d'un besoin). Mais c'est aussi dans ce décalage que Frei, au-delà du figement opéré par les éditeurs du CLG, retrouve finalement la dynamique du principe sémiologique de Saussure, qui loin d'exclure la parole du champ d'étude de la linguistique faisait du discursif, dans sa complexité, un domaine d'analyse de plein droit (cf. Nouveaux Items, transcrits diplomatiquement et édités par Rudolf Engler (http://www.revue-texto.net/1996-2007/Saussure/De_Saussure/Item/Discursif.pdf) : « Toutes les modifications, soit phonétiques, soit grammaticales (analogiques) se font exclusivement dans le discursif. Il n'y a aucun moment où le sujet soumette à révision le trésor mental de la langue qu'il a en lui, et crée à tête reposée des formes nouvelles qu'il se promet de placer dans son prochain discours. Toute innovation arrive par improvisation en parlant et pénètre de là soit dans le trésor intime de l'auditeur ou celui de l'orateur, mais se produit donc à propos du lange discursif. ». Il y a là de quoi méditer sur la réalité des écrits de linguistes et les apparences — souvent trompeuses — que leur fait revêtir la doxa résultant des effets de manuélisation des théories. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES Deléchelle, Gérard, 1993, "Connecteurs et relations inter-énoncés", in: Lapaire, Jean-Rémi, Rotgé, Wilfrid, (éds), 1993, Séminaire pratique de linguistique anglaise, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 173-194. Guimier, Claude, (éd.), 2000, Syntaxe & Sémantique, 1: Connecteurs et marqueurs de connexions, Presses Universitaires de Caen, 242p. Le Goffic, Pierre, 2000, "Subordination et connecteurs: quelques propositions à partir de l'Essai de grammaire de la langue française de Damourette et Pichon", in: Syntaxe & sémantique, 1, 17-37.