Retour vers liste

Détail de la contribution

Auteur: Rossana DE ANGELIS

Titre:
L’École sémiologique de Genève


Abstract/Résumé: La définition de "sémiologie" présentée dans le Cours de linguistique générale traverse à plusieurs reprises les différentes phases de réception de la pensée saussurienne (Puech 2000). Néanmoins, dans la deuxième partie du XXe siècle le terme "sémiologie" est saisi dans un combat inépuisable avec celui de "sémiotique". Et finalement celui-ci est institutionnalisé au détriment de l’autre. La médiation de la pensée saussurienne due à l’œuvre de L. T. Hjelmslev permet de justifier ce choix. Au sein du système conceptuel mis en place par le linguiste danois, la "sémiologie" identifie une théorie de la langue et du langage (Hjelmslev 1943, 1954). Néanmoins, c’est le terme "sémiotique" qui s’impose dès la deuxième traduction anglaise des Prolégomènes (éditée par F. Whitfield en 1961). L’œuvre de Hjelmslev se propose en fait comme un texte re-fondateur de la sémiotique contemporaine. La différenciation entre les termes "sémiotique" et "sémiologie(que)" s’avère alors être indicative de la réorganisation d’une partie des disciplines du langage contemporaines. L’adoption du terme "sémiotique" répond à un effort d’émancipation de la linguistique ; en revanche l’adoption du terme "sémiologie" souligne cette filiation. L’ École de Paris trouve en effet dans la dénomination de "sémiotique" le moyen de se distinguer de « l’ École de Genève », dont la dénomination de "sémiologique" garde explicitement sa propre filiation linguistique. En tant que champ de recherche autonome, la "sémiologie" est présentée alors comme une filiation directe du projet saussurien, mais aussi comme un champ de recherche encore ouvert. Peut-on donc reconstruire l’identité d’une « École sémiologique de Genève » en suivant la réception des théories saussuriennes au cours du XXe siècle ? En analysant les entrées (signifiant/signifié, sémiologie/sémiologique, étc.) qui sont directement en rapport avec les notions propres à l’École sémiologique de Genève dans les dictionnaires publiés au sein des disciplines du langage concernées (Greimas & Courtés 1979, 1986 ; Sebeok éd. 1986), on peut enfin observer qu’une certaine réception de la pensée saussurienne s’affirme lentement et l’École sémiologique de Genève acquiert une identité spécifique. Au sein des études sémiotiques et sémiologiques, on regroupe sous le titre de École sémiologique de Genève les champs de recherche qui s’inscrivent dans le projet sémiologique saussurien et ses protagonistes, à savoir Eric Buyssens et Luis J. Prieto. En suivant les traces de cette filiation, on propose alors une première synthèse des traits caractéristiques de l'École sémiologique de Genève.