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Detail of contribution

Auteur: Anamaria CUREA

Titre:
La problématique linguistique de l’expression à Genève entre 1900 et 1940: Ch. Bally, Ch.-A. Sechehaye, H. Frei


Abstract/Résumé: S’appuyant sur l’analyse des travaux de Charles Bally, Charles-Albert Sechehaye et Henri Frei publiés entre 1900 et 1940, notre réflexion s’articule autour de trois points: 1.La possibilité d’identifier des éléments théoriques ou des noeuds conceptuels autour desquels pourrait se coaguler une dynamique des idées parvenant à instituer un objet partagé, qui, pour être convenu et discuté, n’en est pas moins disputé. L’hypothèse que nous avançons est qu’une problématique linguistique de l’expression, construite par chacun des trois linguistes, relève quelques points de convergence significatifs, qui produisent un effet d’homogénéité autour de la catégorie de l’expression. Trois axes communs se dessinent ainsi autour du statut de la psychologie, de la valorisation de l’affectivité et des modes de conceptualisation du sujet parlant. 2.La dette à l’égard de Ferdinand de Saussure et l’image du saussurisme qui surgit à l’analyse comparative des travaux des trois linguistes. 3.L’enjeu d’une telle réflexion pour l’étude des écoles linguistiques et plus précisément pour l’histoire de l’école linguistique de Genève. Une relative homogénéité de l’école genevoise de linguistique a été légitimée par le recours à un programme qualifié de « saussurisme minimum », donc par l’idée d’un héritage saussurien, selon Robert Godel (1961) et René Amacker (1975). Cette image d’un saussurisme minimal n’est pourtant pas considérée comme suffisamment apte à assurer une continuité conceptuelle, un degré suffisant d’interconnexion des idées à l’intérieur de l’école. La diversité des approches de ses membres, et leur attachement particulier à l’exploration de domaines nouveaux mettent en question leur saussurisme et l’effet d’homogénéité qui en découle. D’un autre point de vue, celui de la sociologie des sciences, selon Amsterdamska (1987), la continuité au sein de l’école de Genève est légitimée surtout par le rapport au fondateur, Ferdinand de Saussure et par les conditions externes, tenant de l’organisation de la communauté scientifique, qui ont favorisé le déroulement de l’enseignement saussurien à Genève. Une analyse du composant théorique de leurs productions scientifiques permet de nuancer ce point de vue. Dans la perspective historique, l'investigation des théories élaborées à une époque et dans un espace déterminés ne saurait ignorer ni le point de vue extérieur, le composant sociologique, ni le point de vue du dedans, dans le travail de reconstruction d'une systématique conceptuelle. Les deux points de vue s'éclairent réciproquement, permettant une mise en perspective qui diminue le risque de juger trop schématiquement les approches envisagées ou de les situer trop rapidement sous le même label.