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Auteur: Virginie ANDRÉ

Titre:
Manifestations interactionnelles de processus cognitifs et collaboratifs au sein de réunions de travail


Abstract/Résumé: La collaboration en situation de travail interroge les actions et les modes de fonctionnement des collectifs. Le travail collectif oblige les acteurs à partager leurs savoirs afin de progresser dans leurs tâches et objectifs. Le langage intervient en permanence dans ces processus, il permet notamment à ces acteurs d’échanger leurs connaissances, leurs expertises et d’accomplir le travail lui-même (Borzeix, Fraenkel, 2001). Notre objectif est de repérer les traces linguistiques et interactionnelles de ce travail collectif dans le discours de participants à des réunions de travail d’une entreprise française de construction de routes (notre corpus compte 40h d’enregistrements, 330 000 mots). Les notions de cognition distribuée et socialement partagée (Suchman 1987, Hutchins 1995) nous permettent d’appréhender ces phénomènes collaboratifs, de saisir la circulation des informations ainsi que la construction collaborative d’objectifs. Le travail collaboratif implique la mobilisation d’une pluralité de savoirs et d’acteurs au sein de la réunion et en dehors de celle-ci (Lonchamp 2003). Le discours élaboré par les locuteurs semble refléter ces processus cognitifs. La sociolinguistique des interactions verbales analyse la façon dont les acteurs gèrent linguistiquement et interactionnellement la distribution de la cognition, entre eux, entre leurs collègues ainsi qu’entre les différents éléments de la situation dans laquelle ils se trouvent (différents artefacts, documents, ordinateurs, etc.) Chacun des participants est cognitivement dépendant de ses collègues. Les différentes sources de connaissances doivent collaborer afin d’accomplir le travail et les objectifs fixés par la réunion. Les locuteurs sont donc conjointement engagés dans un même processus de collaboration. Une micro analyse des interactions verbales permet de comprendre le fonctionnement langagier de ces communautés de pratiques (Wenger 1998) et de ce système d’épistémie sociale (Riley 2002), c’est-à-dire de comprendre comment les acteurs mettent en commun, comment ils partagent leurs connaissances et comment ils construisent ensemble un discours. Parmi les phénomènes linguistiques et interactionnels participants à la construction collaborative du discours (Schegloff 1982, Kerbrat-Orecchioni 2005, André 2011), nous nous proposons d’analyser ici les énonciations conjointes (un même énoncé est construit conjointement par au moins deux locuteurs) et les (hétéro-)reprises (un énoncé, ou une partie, est répété ou reformulé par un second locuteur). Ces phénomènes sont à la fois des traces, ou encore des conséquences, de la construction collaborative du discours et des marqueurs, ou encore des stratégies, mettant au jour cette construction collaborative.